
- Le niveau de littératie en primaire / Les résultats de l’enquête PIRLS sur la lecture en quatrième année primaire : des compétences à mettre à l’étude
Patricia Schillings, Dominique Lafontaine, Université de Liège - Une clarification théorique / Clarifier les différences entre les compétences en lecture et les stratégies de lecture
Peter Afflerbach, University of Maryland, P. David Pearson, University of California at Berkeley, Scott G. Paris, University of Michigan, Ann Arbor T
raduction : Nathalie Baïdak - Stratégies de lecture en secondaire / Effets d’un module d’enseignement explicite des stratégies de lecture sur la motivation d’élèves du secondaire inférieur en grande difficulté d’apprentissage
Fanny Demeulder, Bruxelles - Un outil pour les stratégies de lecture / Lector&Lectrix : l’enseignement expert de la lecture à portée de tous, note de lecture
Geneviève Hauzeur, Haute Ecole de Bruxelles
Les résultats de l’enquête PIRLS sur la lecture en quatrième année primaire : des compétences à mettre à l’étude
Patricia Schillings et Dominique Lafontaine ouvrent la réflexion en analysant les résultats obtenus par les élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles dans le cadre d’une enquête internationale sur les compétences en lecture des élèves de 4e année primaire. Le constat est sans appel : nos élèves se distinguent par de faibles performances. Il est donc urgent de faire évoluer les pratiques. Selon les auteures, les données recueillies auprès des enseignants pointent une fois encore le caractère trop peu « stratégique » de notre système d’enseignement de la lecture. Elles plaident pour la mise en place d’un enseignement interactif et un environnement d’apprentissage développant non seulement les stratégies cognitives des élèves, mais aussi leur confiance dans leurs capacités, de même que leur aptitude à analyser leur propre fonctionnement de lecteur. Elles rappellent enfin que les outils existent. Il reste à envisager la manière de les mettre en place à une large échelle. Vaste programme, mais combien vital pour notre enseignement et notre société.
Clarifier les différences entre les compétences en lecture et les stratégies de lecture
La distinction établie par les Américains Afflerbach, Pearson, et Paris entre « compétences » et « stratégies » nous permet d’y voir un peu plus clair sur le plan théorique. Merci à Nathalie Baïdak qui, en traduisant leur article vers le français, nous a offert un texte si riche d’enseignements. Les auteurs retracent l’historique de l’usage du terme « compétences » dans la littérature pédagogique et analysent l’arrivée du terme « stratégies » dans les dernières décennies, en dénonçant la confusion qui s’est progressivement installée entre les deux concepts. Ils dénouent ensuite cette confusion en accordant à chaque terme un champ sémantique : les compétences sont acquises, si bien acquises qu’elles sont utilisées de manière inconsciente par la personne. Le lecteur compétent est celui qui n’est quasiment plus capable d’expliquer comment il fait pour lire, tant le processus est automatisé. Par contre, la lecture stratégique se réfère aux processus conscientisés, mis en œuvre par l’apprenti lecteur. Ce sont des compétences « à l’étude ». Et cette clarification devrait porter ses fruits car s’il n’est pas possible d’enseigner des compétences (elles doivent être acquises par les élèves, mais comment ?), on peut par contre enseigner les stratégies, ce qui rend aux enseignants un rôle bien défini.
Effets d’un module d’enseignement explicite des stratégies de lecture sur la motivation d’élèves du secondaire inférieur en grande difficulté d’apprentissage
Enseigner les stratégies de lecture, oui, mais comment faire ? Quels sont les outils ? Fanny Demeulder, enseignante dans une école secondaire bruxelloise, nous explique comment elle a mis en place, dans le contexte d’un atelier de soutien organisé pour des élèves en grande difficulté, un module de compréhension de lecture. Partant du constat que les obstacles à la compréhension sont rarement clairement définis avec les élèves et peu travaillés, elle a mis en place ce module afin d’expliciter les processus et de les travailler progressivement. Dès le début de l’année, les élèves sont amenés à réfléchir sur leurs pratiques et sur leurs stratégies de lecture. Ils découvrent que le contexte dans lequel ils lisent a une influence sur leur compréhension, qu’ils se comportent différemment en fonction de la nature des textes et qu’ils peuvent améliorer leur lecture de manière concrète. Pour organiser son module, Fanny Demeulder s’est principalement fondée sur trois sources : la théorie de Giasson, les pistes didactiques promues par l’AGERS et le manuel Lector&Lectrix qui, selon l’auteure, est une vraie mine d’or.
Lector&Lectrix : l’enseignement expert de la lecture à portée de tous, note de lecture
C’est précisément cette mine d’or qui est mise à l’honneur dans la note de lecture proposée par Geneviève Hauzeur. Elle y précise que Lector&Lectrix est un instrument méthodologique à l’usage des enseignants et véritablement pensé pour leur permettre d’optimiser les procédures qu’ils utilisent de manière routinière, sans qu’ils les rendent explicites aux yeux des élèves. L’outil, qui est l’aboutissement d’une recherche-action menée durant plusieurs années en collaboration avec des enseignants suisses et français, est remarquable de clarté, riche de conseils méthodologiques et rempli de supports méthodologiques présentés sur CD-ROM. Il constitue, de l’avis de l’auteure, un excellent moyen de faire pénétrer les résultats de la recherche dans les salles de classe. Cette note de lecture, associée à la lecture de l’article précédent, convaincra sans nul doute tous les chercheurs d’or.